Troisième semaine de confinement et les transporteurs sanitaires privés espèrent sortir de l’ornière au sujet des masques et équipements de protection dont ils ont un besoin impérieux.
Ce lundi, une nouvelle livraison a été récupérée par la profession, dans les locaux de l’hôpital Sainte-Musse à Toulon.
Une dotation d’État coordonnée par l’Agence régionale de santé (ARS), composée de 127 boîtes de 50 masques chacune, soit plus de 6.300 masques, pour couvrir les besoins d’une semaine. Uniquement des masques chirurgicaux.
"GROS LOUPÉ"
"Les ambulanciers privés sont appelés en nombre par le Samu, pour réaliser des transports de patients suspectés d’être malades du Covid-19, expose Claude Delesse, vice-président de la Fédération nationale des ambulanciers privés et installé dans le Var. Or, nous avons des difficultés à obtenir des masques pour la protection de nos personnels. Pourtant, nous sommes le premier contact physique avec le patient transporté à l’hôpital."
Désormais, c’est à l’intérieur même de la profession que la distribution s’organise et non plus auprès des structures hospitalières. "Au début de la crise, il y a eu un gros loupé, affirme Fabien Bonomi, à la tête de l’Antenne départementale de soins d’urgence du Var (ADSU 83). Avec des difficultés pour obtenir des masques issus du premier stock livré. Cette dotation n’est pas entièrement arrivée aux ambulanciers."
Le principe était la fourniture de deux masques FFP2 pour chaque patient potentiellement Covid-19 transporté par une ambulance privée, dans un service hospitalier.
Les hôpitaux que nous avons contactés répondent avoir toujours fourni ce matériel et n’avoir jamais dérogé à ce principe. Les ambulanciers maintiennent que ce ne fut pas toujours le cas.
Proposée par la profession et validée par l’ARS, la nouvelle clé de répartition se base sur "le nombre de véhicules titulaires d’une autorisation de transport sanitaire, détaille Fabien Bonomi. La répartition concerne bien toute la profession, sans aucune exception, y compris en dehors des adhérents de l’ADSU. Nous agissons sur les consignes de l’État". Toute remise sera nominative et donc tracée.
RELIQUAT RENDU
Ces masques chirurgicaux seront donc aussi utilisés pour transporter des patients présentant des symptômes du Covid-19, les FFP2 étant réservés "aux professionnels de santé réalisant des gestes invasifs".
Quant aux autres matériels de protection, "on est en carence", estime Fabien Bonomi. Les ambulanciers manquent de blouses, charlottes, combinaisons... et en appellent à la générosité de tout professionnel qui posséderait des réserves de matériel.
Dispatché dans plusieurs centres hospitaliers varois, le reliquat de la première dotation d’État (8 200 masques, dont des FFP2, livrés il y a 15 jours) est en train de revenir à l’ADSU 83, pour être partagé entre ambulanciers.
Toutefois, les critères retenus ne font pas l’unanimité, à l’instar du Seynois Gilles Garcia, membre de la Fédération nationale des artisans ambulanciers. "Les choses ne sont pas faites équitablement, car ce n’est pas le nombre de transports journaliers réellement effectué, qui est pris en compte, mais le nombre d’agréments. Le résultat n’est pas le même", s’agace-t-il. L’ARS a répondu à ce sujet que "la règle d’attribution des masques par vecteurs est une consigne nationale".
Les pénuries s’amoindrissent, pas toutes les difficultés.
"C'EST DE LA DÉBROUILLE"
Aux patients en dialyse ou en traitement par chimiothérapie, les ambulanciers remettent un masque chirurgical, au moment de les transporter.
Sinon, "on transporte tous les jours des gens qui sont dans une suspicion de Covid-19, mais on manque de combinaisons, de charlottes, de lunettes…", témoigne Éric Marie, responsable du matériel et des véhicules aux Ambulances du soleil à Draguignan, qui avait lancé un SOS à ce sujet.
Les pharmacies dont il a fait le tour lui ont répondu qu’il n’était pas prioritaire. "Mais, ce sont les ambulanciers qui transportent les patients à l’hôpital", proteste-t-il.
Grâce à une bonne dose de "débrouille", il espère une livraison de kits de protection, dont des masques FFP2, auprès d’un grossiste privé.
"Pourtant, on est appelé par le Samu et on répond présent. On transporte les patients qui ont de la fièvre et qui toussent. Les ambulanciers sont à la hauteur."
Ils veulent pouvoir continuer leur travail. Le plus en sécurité possible.