Négociations conventionnelles, un art... ou un sport de combat ?

La négociation, cet art subtil du dialogue, du compromis…ou, dans certains cas, du bras de fer…

Dans le monde de la santé, c’est souvent un peu tout ça à la fois, avec en prime une bonne dose de tension, de postures, et d’intérêts difficilement conciliables.

Quand l’Assurance maladie d’un côté, et les syndicats de professionnels de santé de l’autre, se retrouvent autour de la table… accrochez-vous !

C’est une bataille d’arguments, de chiffres, de principes. L’Assurance maladie arrive avec ses courbes de dépenses, ses projections budgétaires, et une obsession pour la soutenabilité financière. En face, les syndicats défendent bec et ongles leur exercice, leur temps, leur dignité, et leur rémunération. Et entre les deux ? Une défiance tenace, souvent historique.

Mais le plus frustrant, c’est que les syndicats eux-mêmes ne sont pas forcément alignés. Chez les professionnels de santé, la parole est rarement unique. Et c’est justement le cas dans le transport sanitaire avec quatre syndicats représentatifs. Chaque syndicat porte sa propre vision, ses propres priorités, son propre électorat et parfois ses égos. Résultat ? Difficile de faire front commun. On assiste alors à une négociation... dans la négociation. De quoi s’arracher les cheveux !

Nous avons essayé de nous retrouver. Nous avons tenté de parler d’une seule voix. Force est de constater que l’exercice est complexe.

Dès lors que l’un d’entre nous commence à avancer, seul, ses propres propositions, la digue se fissure et le mal est fait.

Et pendant ce temps-là ?

Nos professionnels, sur le terrain, oscillent entre fatigue, frustration et sentiment de n’être ni entendus ni soutenus.

Vous le savez, la Fédération nationale des ambulanciers privés défendra des mesures justes et équitables. Nous plaidons pour une responsabilisation accrue de l'ensemble des acteurs car il serait anormal que les entreprises de transport supportent seules des mesures d'économies sur des dépenses dont elles ne sont en réalité pas responsables. Nous sommes pris en étau entre le prescripteur et le prescrit !

Alors oui, un texte sera signé, peut-être à l’arraché, car nous n’avons pas le choix.

Mais au fond, est-ce qu’on ne pourrait pas rêver d’autre chose ? D’un espace de dialogue moins rigide, moins conflictuel, plus tourné vers la co-construction ? Où l’on reconnaîtrait enfin que la santé ne se négocie pas uniquement en euros, mais aussi en confiance, en respect mutuel et en vision partagée ?

Utopie, me direz-vous ? Peut-être. Mais parfois, l’art de négocier, c’est aussi oser sortir du cadre.

Bruno BASSET
Président