Le rapport établi par l’Assurance maladie pour le ministère chargé de la sécurité sociale et le parlement sur l’évolution des charges et des produits de l’Assurance Maladie au titre de 2025 a été publié en juillet 2024.
Le rapport de cette année apporte un éclairage très précis sur la situation du transport sanitaire.
Toujours publié quelques semaines avant les discussions sur le PLFSS, il constitue un outil incontournable d’aide à la décision puisqu’il est accompagné de propositions, notamment cette année sur le transport sanitaire.
Que faut-il en retenir ?
⇒ Nombre d’entreprises
En 2023, on dénombre 5 212 transporteurs sanitaires possédant 14 772 ambulances et 14 285 VSL ainsi que 28 916 entreprises de taxis conventionnés possédant 40 132 taxis.
Les entreprises de transport sanitaire sont parfois « bicéphales », c’est-à-dire qu’elles possèdent également des taxis. C’est le cas pour environ 44 % d’entre elles.
⇒ Croissance et niveau de dépenses
Les dépenses de transport de patients augmentent. Après un recul en 2020 lié à la crise sanitaire, les dépenses allouées au transport de patients ne cessent de croître avec un taux de croissance annuel moyen de 4,4 % entre 2016 et 2023 (avec une hausse de près de 9 % entre 2022 et 2023) pour atteindre 6,3 milliards d’euros en 2023.
Tous les modes de transport sont concernés, même si les dépenses d’ambulances et de taxis représentent aujourd’hui le principal poste de remboursement.
Cette hausse relève à la fois d’un effet prix et d’un effet volume.
Parmi les explications relevées par l’Assurance maladie, notons que le report d’une partie des trajets jusque-là effectués par les VSL vers les taxis, dont les tarifs sont en moyenne plus élevés, contribue également à la dynamique des dépenses.
L’Assurance Maladie prend en charge en moyenne 95 % des dépenses de transport sanitaire en 2023.
⇒ Répartition des transports
Les trajets en taxis représentent 45,8 % de la dépense des transports sanitaires en 2023 – devant les ambulances (37,2 %) et VSL (14,8 %). La part des autres modes de transport (avion, bateau, véhicules personnels et transports en commun) est bien moindre (2,2 %).
Cette tendance s’installe depuis plusieurs années : entre 2016 et 2023, la part des dépenses par taxi croît de manière continue, au détriment des ambulances dont la part a diminué de 39 % à 37 %. La part du VSL, quant à elle, a diminué de 3,7 points sur la période tandis que le taxi a gagné 6,7 points.
⇒ Nombre de patients transportés
On dénombre environ 6,4 millions de patients transportés en 2023.
Le nombre de patients transportés a connu une augmentation importante au cours des dernières années : un peu plus de 786 000 patients supplémentaires sont transportés entre 2016 et 2023, soit une augmentation de 13,8 % du nombre de patients transportés. Cette augmentation est principalement portée par le recours aux taxis et dans une moindre mesure par les ambulances et les VSL.
⇒ Concentration des dépenses sur certaines pathologies
En 2022, les dépenses de transport des personnes en ALD représentaient 4,71 milliards d’euros, soit 90,7 % de la dépense totale remboursée pour ce poste.
Deux tiers des dépenses de transport s’expliquent par le traitement de 4 pathologies : les cancers (19 %), l’insuffisance rénale (16 %), les pathologies cardio-neurovasculaires (15 %) et les maladies psychiatriques (13 %). L’oncologie et la dialyse sont les 2 pathologies qui génèrent le plus de dépenses de transport ; ces 2 pathologies représentent 35 % des dépenses de transport
⇒ Une rentabilité très hétérogène selon les acteurs
An 2021 :
- la rentabilité (EBE) des entreprises disposant d’ambulances, de VSL et de taxis conventionnés oscille entre 5 % et 8 % selon leur taille ;
- la rentabilité des entreprises disposant uniquement d’ambulances et de VSL va de 2 % pour les « Petites » entreprises à environ 10 % pour les « Moyennes » et « Grandes » entreprises ;
- la rentabilité des entreprises disposant de taxis conventionnés uniquement va de 13 % pour les « Grandes » entreprises (3 taxis en moyenne) à 27 % pour les « Petites » entreprises (un seul taxi).
Ainsi, en moyenne, les entreprises disposant d’un unique taxi conventionné sont 4,5 fois plus rentables que les « Grandes » entreprises disposant d’ambulances, de VSL et de taxis conventionnés.
⇒ Perspectives, une volonté de maîtriser l’évolution des dépenses de transport
Les recommandations de l’Assurance maladie pour 2025 (dont certaines sont reprises des années précédentes) :
- Faire du transport partagé la pratique de référence
- Renforcer l’efficacité des dispositifs concourant à la bonne adéquation du mode de transport à l’état de santé du patient, en particulier par le déploiement de plateformes de commande de transports
- Inciter à l’utilisation des moyens de transport les moins onéreux tels que le véhicule personnel et les transports collectifs
- Améliorer la qualité de la facturation et renforcer la lutte contre les abus et les fraudes
o généralisation de l’outil du service de prescription électronique (SPE) ;
o généralisation de l’utilisation du service électronique de facturation intégré (SEFI), notamment par les taxis conventionnés ;
o déploiement des outils de géolocalisation permettant de vérifier la conformité de la facturation et la réalité des courses effectuées.
Par ailleurs, l’amplification des opérations de contrôle et de lutte contre la fraude passe également par :
o des contrôles conjoints avec les différentes institutions concernées (Union de recouvrement des cotisations de sécurité sociale et d’allocations familiales – Urssaf –, agences régionales de santé – ARS –, services de police…) sur les entreprises de transport sanitaire et taxis sur le terrain mais également sur la base d’activités atypiques ;
o le lancement de nouveaux contrôles du respect du champ de l’article 80 (transports intrahospitaliers) ;
o le contrôle d’assurés sur des dépenses de transport en véhicule personnel afin de repérer et sanctionner certains comportements déviants.
Source : 2024-07 rapport-propositions-pour-2025 assurance-maladie.pdf (ameli.fr)