La fable du rameur et des barreurs

Il était une fois un ministre soucieux de dynamiser les relations entre les professionnels et ses services, le ministre décida donc d’organiser une compétition amicale.

Conformément aux conclusions des audits menés par les instances régionales, il fut décidé que cela serait une course d’aviron entre les services du ministère et les représentants les plus pugnaces de la profession.

Les deux équipes s’entrainent dur mais le jour de l’épreuve l’équipe des professionnels gagne avec plus d’un kilomètre d’avance et l’équipe du ministère est très affectée par cette défaite.

 

Leurs DRH se réunissent pour chercher la cause de la défaite, une enquête flash de l’Inspection interne est commandée par la ministre elle-même. L’enquête conclut que l’équipe du ministère est composée de 8 barreurs pour un rameur alors que l’équipe des professionnels se compose de 8 rameurs et un barreur.

A la lecture du rapport le ministère décide de s’allouer les services d’un cabinet de consultants indépendants, après avoir perçu d’énormes honoraires, ils rendent leur avis “l’équipe du ministère a besoin de plus de rameurs et de moins de barreurs”

La structure de l’équipe ministérielle est donc réorganisée, mais comme personne ne veut devenir rameur, il est décidé de créer quatre postes de barreurs-référents, 3 postes de barreurs-projets et 1 poste de barreur-chef.

La deuxième course a lieu et les professionnels gagnent avec deux kilomètres d’avance.

Le payeur décide de licencier le barreur, la direction lance la construction d’une nouvelle embarcation, la direction générale verse une prime aux barreurs-projets, les organisations professionnelles concurrentes aidées par leurs cabinets conseils choisissent un nouveau plan d’eau plus favorable au ministère.

La direction des ressources humaines établit une procédure visant à valider la réalité de l’échec en nommant un pilote de projet, dont l'objectif sera une nouvelle stratégie en conformité avec les indicateurs de traçabilité dans le cadre d’un réseau sécurisé de compétences, pour contrôle de qualité du protocole. Par ailleurs elle distribue l’argent économisé par ces mesures de restriction à l’amélioration de son projet d’établissement.

Parallèlement, le ministère, afin d’égaliser les chances, décide que désormais les professionnels devront parcourir 10 kilomètres appelé “Objectif Quantité National”, le ministère n’en parcourra que cinq et il lui sera octroyé une subvention exceptionnelle d’un barreur.

Au bout d’une heure de course les professionnels ont parcouru 12 kilomètres, il est donc décidé de les pénaliser pour dépassement de l’objectif en leur attribuant une embarcation prenant l’eau de toute part…

Moralité “alsacienne” Plus tu rames moins vite, moins tu avances plus doucement.


Président de la FNAP