Ambulances des 4 Villages L'entreprise est menacée d'une suspension de son agrément : La voix du Jura

Article de presse paru dans la voix du Jura par Monique HENRIET le 29  novembre 2019

Ambulances des 4 Villages L'entreprise est menacée d'une suspension de son agrément

« Moins de services hospitaliers, moins d'ambulanciers et des patients abandonnés » : Yves Bailly-Maître et Laurent Perrin, président

et directeur de la société tirent la sonnette d'alarme.

« C'est incompréhensible, mais nous sommes menacés par l'Agence Régionale de Santé du retrait de notre agrément ». C'est un cri de détresse que lancent Yves Bailly-Maître et Laurent Perrin, président et directeur des Ambulances des 4 villages aux Rousses qui emploient 18 per­sonnes. « Depuis 13 ans, nous assurons un travail de qualité, et que nous sommes la seule société à répondre 24 heures sur 24 à l'UPH (Urgence Pré-Hospitalière) », soulignent-ils, très en colère. « Diviser pour mieux régner, c'est la devise de l'Agence Régionale de Santé. Avec ce moyen, ils sont ' capables d'obliger les sociétés à se « prostituer » pour garder leurs activités. Peu importe la qualité, du moment que ça ne coûte pas cher, voir que c'est gratuit, sinon c'est une menace de retrait d'agré­ment... »

500 000 € en attente

« Depuis plusieurs mois, nous sommes confrontés à un énorme manque de finan­cement de nos prestations. Immobilisés 24 heures sur 24 à Saint-Claude pour répondre aux transports médicalisés de cet établissement, ce sont plus de 500 000 € que l'hôpital refuse de nous payer prétex­tant ne pas être au courant de nos tarifs qu'ils ont reçus Dar lettre recommandée avec accusé de réception, ainsi que les factures appliquant ces tarifs depuis le mois d'août 2018. Or, aucune facture n'a été rejetée, mais aucune n'a été payée. Sachant que nous assurons plus de 2 000 inter­ventions d'urgence par an*. Aujourd'hui, sûrement par manque d'autres moyens, on continue de faire appel à nos services jour et nuit et nous sommes inscrits au planning jusqu'à la fin de l'année ».

Un énorme manque à gagner

L'entreprise est également confrontée à un énorme manque à gagner dû à l'éloignement des hôpitaux et à la fermeture récente des services hospitaliers (maternité, pédiatrie, chirurgie conventionnelle...)

« Chaque fois que nous sommes missionnés par le Samu et que nous interve­nons à un domicile éloigné de notre lieu de garde, nous fac­turons uniquement le trans­port avec le patient. Ainsi, il nous arrive fréquemment d'effectuer une intervention de 120 km et nous n'en factu­rons que 30 km. Par exemple, au départ de Saint-Claude pour une prise en charge d'un patient à Moirans-en-Montagne à destination de Lons-le-Saunier et retour à Saint-Claude, seuls les 30 km entre Moirans-en-Montagne et Lons-le-Saunier sont rémunérés sur les 120 effectués. Les 90 km restants sont à la charge de l'entreprise. Sans parler du temps passé. En 15 jours, sur 2 000 km effectués pour l'UPH, seulement 500 sont facturés ».

Plus grave encore : les sorties dites « blanches » ! « Ce sont des demandes d'interven­tions urgentes envoyées par le Samu, pour lesquelles nous nous déplaçons. Une fois au domicile de la personne, nous effectuons un bilan. Si ce bi­lan que nous transmettons au Samu dit que la personne n'a pas besoin d'être transportée à l'hôpital, ce déplacement et le temps passés ne sont pas facturés ».

MM. Bailly-Maître et Perrin ont tenté désespérément d'avoir des rendez-vous en préfecture et à l'Agence Régionale de Santé, par tous les moyens : mails, appels téléphoniques, courriers d'avocat...

« Malgré tout cela, nous constatons que la popula­tion du haut Jura les indiffère totalement ».

Pendant toutes ces années, l'entreprise a continué sa marche en avant afin d'assurer des ser­vices de qualité pour la sécurité des patients : la télémédecine, personnel qualifié, véhicules suréquipés en tenant compte des délais d'éloignement très importants des autres vecteurs de secours et des hôpitaux.

Quant aux carences souvent évoquées, là encore, les Ambu­lances des 4 villages réagissent : « On parle de carences pour ces sorties réalisées par les pompiers, qui manquent de moyens en journée notam­ment. L'ARS nous reproche de ne pas les avoir faites, mais nous n'avons jamais été appelés. Le délégué dépar­temental de l'ARS, se permet également de nous qualifier de société faillible est fra­gile... Ce n'est pas difficile car ils utilisent les arguments du directeur de l'hôpital notre débiteur, qui espère par ce biais nous faire disparaître pour ne pas payer ses dettes. Quel patron peut continuer à faire tourner une entreprise si elle n'est pas payée ? », concluent les responsables de l'entreprise qui s'inquiètent pour l'avenir.

« Quand vous aurez besoin d'une ambulance pour venir rapidement vous rassurer et vous secourir, vous pourrez attendre plus d'une heure, voire plus en fonction de la météo si elle est disponible, et ensuite il vous faudra également plus d'une heure pour rejoindre l'hôpital. C'est comme cela que l'Agence Ré­gionale de Santé veut garder le lien entre la population et les hôpitaux et garantir un service de proximité pour votre sécurité ? »

Monique Henriet

interventions

  • 2015 : 4 692 interventions dont 1 223 appels Centre 15 sur Saint-Claude et 738 sur Morez
  • 2016 : 4 469 interventions dont 1219 appels Centre 15 sur Saint-Claude et 706 sur Morez
  • 2017 : 4 138 interventions dont 1118 appels Centre 15 sur Saint-Claude et 758 sur Morez
  • 2018 : 4 575 interventions dont 1 215 appels Centre 15 sur Saint-Claude et 771 sur Morez
  • 2019 (sur 9 mois) : 3 223 interventions dont 1 015 appels Centre 15 sur Saint-Claude et 757 sur Morez.